Hervé Lesseur, le PDG de TAGG INFORMATIQUE, nous parle de la technologie SCREEN, une technologie numérique jet d’encre réussissant à allier qualité, volumes, vitesse et coût attractif, notamment dans le domaine du marketing direct. Voici son interview.
« Pour nous, cette imprimante est la première où le coût de revient ET la qualité sont au même niveau. Et on peut satisfaire et les objectifs qualitatifs et les objectifs budgétaires de nos clients. Je ne suis pas loin de penser que cette technologie est une « killer offset » dans 80% des demandes, car en fonction des volumes, du taux d’encrage, on est même moins chers que les procédés classiques. Et qui peut le plus peut le moins : pourquoi rester sur des variables en noir, si on peut les passer en couleur ? »
1. Monsieur Lesseur, pouvez-vous nous dire ce qu’est la technologie SCREEN ?
Après une analyse approfondie des technologies disponibles sur le marché, cette imprimante est la première à nous permettre de franchir un cap resté infranchissable jusque-là. La technologie jet d’encre de production a émergé il y a une dizaine d’années. Elle a permis de pouvoir passer tous types de papier spécifiques jet d’encre, et c’était déjà un grand pas en avant, mais les papiers restaient très chers. C’était acceptable pour des documents transactionnels, mais pas pour du marketing. La technologie SCREEN permet d’imprimer vite, avec une qualité bluffante. En vérité, il n’y a pas de segment de marché où, techniquement, elle n’est pas compétitive. Ce n’est pas forcément la technologie la moins chère dans le domaine du transactionnel, mais pour le marketing elle est imbattable.
2. Comment faisait-on avant cette technologie ?
C’est simple : quand on voulait du beau, dans le domaine du marketing, avec de la variabilité, on travaillait sur des technologies numériques laser. Mais le problème du laser c’est son prix. Pour du page à page, c’est satisfaisant, mais pour des bobines, donc du volume, ça devient très onéreux à cause des coûts de fonctionnement. Donc les clients veulent bien faire du numérique, mais c’est le budget qui coince. La technologie numérique laser page à page n’a d’intérêt financier que si on imprime de la variable et sur des volumes relativement faibles.
Hervé Lesseur : « Ce n’est pas forcément la technologie la moins chère dans le domaine du transactionnel, mais pour le marketing elle est imbattable. »
3. Quels sont les 5 avantages de cette technologie SCREEN ?
La cible de la technologie numérique SCREEN c’est d’aller vers du beau - on a exactement le même rendu que les pré-imprimés offset, tout en permettant une compétitivité des prix jusqu’à des volumes vraiment importants. Aujourd’hui, on peut attaquer des campagnes de 500 000 documents- c’est d’ailleurs ce qu’on a fait quand on a reçu la machine, et on s’est aperçu qu’on était extrêmement compétitifs.
Il y a aussi la gamme de supports papier qu’elle peut accepter, on peut enfin utiliser des papiers non-traités, donc les mêmes papiers qu’un imprimeur, y compris des papiers couchés. Il faut comprendre que cette technologie ne fait pas de traitement du papier, c’est ce qui fait sa compétitivité. L’autre intérêt, ce sont les grammages très épais. D’entrée de jeu, la machine accepte du 250g, au-delà il faut procéder à des essais. Clairement, on peut utiliser des papiers que les rotativistes ne peuvent pas gérer. Au-delà de 170g, ils préfèrent travailler sur de la feuille, et non de la bobine.
Son empreinte écologique est également très intéressante : là où on prenait une marge d’erreur et de tests de l’ordre de 6 à 8%, aujourd’hui on est en-dessous de 1%, donc on gaspille moins de papier. Sur le plan éthique, c’est bien de pouvoir moins consommer. Les coûts carbone de transport ne sont pas à négliger non plus : plus besoin de réaliser les pré-imprimés couleur, puis de les envoyer chez le personnalisateur pour le noir. Là on reçoit nos bobines et on imprime l’ensemble du document au même endroit, et plus à des centaines de kilomètres comme c’était le cas auparavant.
« C’est certain que cette technologie ne va pas faire plaisir aux imprimeurs, car on vient changer les réflexes des donneurs d’ordre : on peut désormais passer 100% de sa production de documents sur une technologie numérique. »
En termes de coût, pour des documents marketing avec des taux d’encrage de l’ordre de 30 à 40%, on s’aperçoit qu’on est moins cher que les pré-imprimés. Donc pourquoi payer plus cher pour faire des pré-imprimés, et ajouter les coûts de la variablité noire, quand on peut tout faire sur la même machine ? Ce qui peut freiner les gens d’aller sur le numérique, c’est le coût OU la qualité : jusqu’à présent, il était très difficile d’avoir les deux. Pour nous, cette imprimante est la première où le coût de revient ET la qualité sont au même niveau. Et on peut satisfaire et les objectifs qualitatifs et les objectifs budgétaires de nos clients. Je ne suis pas loin de penser que cette technologie est une « killer offset » dans 80% des demandes, car en fonction des volumes, du taux d’encrage, on est même moins chers que les procédés classiques. Et qui peut le plus peut le moins : pourquoi rester sur des variables en noir, si on peut les passer en couleur ?
Enfin, et c’est là tout l’intérêt de la technologie numérique, si l’avant-veille du tirage il faut faire une modification importante des documents à imprimer, on peut le faire. C’est certain que cette technologie ne va pas faire plaisir aux imprimeurs, car on vient changer les réflexes des donneurs d’ordre : on peut désormais passer 100% de sa production de documents sur une technologie numérique.
» On va pouvoir produire des documents qui ne sont pas juste personnalisés au niveau du nom et de l’adresse du client final, mais au niveau du contenu-même du document. »
4. Et la personnalisation des données ?
Ce qui est compliqué, ce n’est pas d’imprimer, c’est de personnaliser les données sur des volumes importants. Le but est de faire du « one to one » à terme et cette technologie SCREEN permet de réaliser des documents avec une variabilité vraiment forte.
5. Dans quelle chaîne globale s’insère cette technologie SCREEN ?
En amont, nous devons compiler un certain nombre de données, envoyées sous différents formats, de façon à les rendre exploitables pour la personnalisation et l’impression. En aval, cette technologie nous oblige à investir dans des outils de finition qu’on trouve habituellement chez les imprimeurs. Et comme chaque document imprimé est différent du fait de cette personnalisation, cela nous oblige à une traçabilité particulière qu’on appelle chez nous « Trace & Track ». On prend les outils traditionnels des imprimeurs et des finisheurs et on vient ajouter de l’informatique, du code - puisqu’on a la chance d’avoir en interne un département dédié. Il est bien évidemment hors-de-question de mettre dans l’enveloppe A un client B avec un contenu C.
Un exemple concret : un client veut une carte plastifiée. Avant il fallait imprimer la carte, la plastifier, puis imprimer les données variables par-dessus. Maintenant, on imprime en même temps le fond de la carte et les données personnalisées, et après on fait le finishing plastifié, ce qui est sans commune mesure en terme du durabilité, et les données variables sont protégées et sécurisées. Autre exemple, on peut faire la même chose pour les enveloppes… Dans les trois à quatre années qui viennent, nous allons donc investir 5 à 6 millions d’euros dans des machines de finishing pour étendre notre chaîne de valeur.
6. Vous allez donc pouvoir proposer de nouveaux produits ?
Oui, complètement. On va pouvoir produire des documents qui ne sont pas juste personnalisés au niveau du nom et de l’adresse du client final, mais au niveau du contenu-même du document. Notre objectif est d’aller sur de la création, qu’on ne voyait pas avant de façon traditionnelle.
7. Quid du marketing Cross-Media avec les mails, les SMS, etc. ?
On sait que le e-mailing n’a plus le pouvoir de convaincre autant que ce qu’il a été il y a 10 ans en arrière. C’est une technologie peu onéreuse mais son retour sur investissement est loin d’être à la hauteur des espérances. Je crois plus au SMS, mais il reste tout de même encore assez cher. Son impact est plus fort certes, et croiser les différents médias - papier, e-mailing, SMS, permet d’offrir au client final une valeur plus forte, plus convaincante.
Dans le transactionnel, nous sommes sur des volumes qui ont une tendance à la baisse, un client va plus rarement envoyer 50 000 documents d’un coup, il va préférer envoyer 10 x 5000 documents, mais avec une personnalisation et un timing accrus. Dans le marketing, c’est différent : on croit encore au marketing direct. Malgré tout, les clients finaux ne sont pas tous encore entrés dans la logique du web, prenez les personnes âgées par exemple. Il y a une sorte de plafond de verre dans la dématérialisation, même si c’est inéluctable, ce plafond de verre tend à s’élever, c’est le sens de l’histoire. Le produit « papier » a encore de beaux jours devant lui : plus qualitatif, plus personnalisé, on peut redonner de la valeur à l’objet et créer du lien avec le digital, les deux ne sont pas incompatibles, au contraire.
8. Quel est l’impact de l’entrée en vigueur au 25 mai 2018 du RGPD ?
On a développé nous-même des solutions pour sécuriser les datas de nos clients car on ne trouvait pas chaussure à notre pied. On a la chance d’avoir une équipe de 30 ingénieurs qui travaillent sur le RGPD de façon à pouvoir tracer les datas de nos clients. On a développé un logiciel qui permet de détruire, littéralement, les datas après X jours, conformément au contrat signé avec nos clients, pour éviter la rémanence des pistes magnétiques des disques sur lesquels ces datas sont stockées. Ce soft nous permet de garantir à nos clients la sécurité de leurs données. Mais nous savons bien qu’on n’en a jamais réellement fini avec la sécurité : si un système est sécurisé, cela veut dire dans le même temps qu’il peut-être dé-sécurisé par les personnes adéquates. Les failles existeront toujours, il faut donc à chaque fois travailler sur ces failles pour les combler au fur et à mesure.
9. Quels clients adressez-vous avec cette technologie SCREEN ?
Les traditionnelles banques, assurances, mutuelles, grandes entreprises, les industries, les agences de communication. Il est évident qu’on ne va pas se focaliser sur des clients extrêmement petits, étant donnée la taille de nos machines. Mais inversement, nous nous concentrons sur une multitude de petits dossiers pour nos grands clients.
10. Le mot de la fin ?
On a tous reçus, dans nos courriers traditionnels, un courrier de Google avec un code promo à utiliser pour lancer des campagnes AdWords. Un courrier papier, j’entends. De la part de Google. Étonnant, non ? Google fait donc bien du marketing direct pour des produits digitaux. Le marketing direct n’est pas mort, et la technologie SCREEN nous permet d’aller sur des produits vraiment sympas.